Des élus du littoral critiquent ce nouveau type de randonnée pédestre. Les embouts métalliques de certains bâtons détruiraient les sentiers côtiers.
« À la montagne, ça passe encore, mais pas en bord de mer. » Yvon Bonnot, président de l'Association nationale des élus du littoral (Anel) et maire de Perros-Guirec (Côtes-d'Armor), se bat contre les dégâts de la marche nordique depuis 2010. Ce type de randonnée est en plein essor. Plus dynamique et sportive que la classique, elle se pratique à l'aide de deux bâtons de marche.
Avec leur appui au sol, ils améliorent la propulsion des randonneurs et diminuent la fatigue. Mais les embouts pointus en acier qui équipent certains bâtons sont dans le collimateur de plusieurs élus. Rien de tel pour dégrader le paysage, selon eux.
À Perros-Guirec, c'est surtout sur le sentier des douaniers, le long de la côte de granit rose, que les marcheurs nordiques se donnent rendez-vous. Une des plus belles façades maritimes de Bretagne, fréquentée par quelque 800 000 visiteurs chaque année.
« Aucune étude »
« Les pointes acier pénètrent dans le sol stabilisé, un mélange de chaux et d'arène granitique, et le détruisent », explique Vincent Nicol, garde du littoral. « C'est scandaleux, ils labourent le sentier. Ils n'ont aucun respect de l'environnement ! », S’enflamme Yvon Bonnot. Un ras-le-bol qui l'a conduit à interdire les embouts en acier.
Pourtant, selon Jean Fulbert, président du comité Bretagne de la fédération de randonnée pédestre, « les marcheurs sont très soucieux de maintenir la qualité des chemins ». Victor Boureau, du comité de randonnée d'Ille-et-Vilaine, reconnaît que « sur les sentiers de Ploumanac'h, il y a de beaux rochers à protéger. En revanche, les minuscules trous faits par les pointes n'abîment pas les chemins ordinaires ».
À la Fédération française de randonnée (FFR), Fabienne Venot, conseillère technique, souligne même « qu'aucune étude n'a déterminé l'effet néfaste des bâtons sur l'environnement. Je trouve donc dommage de freiner cette pratique ».
Un arrêté municipal sur l'Île aux Moines
Plusieurs maires de villes littorales ou montagnardes ont pourtant contacté Yvon Bonnot. Ils envisagent de prendre les mêmes dispositions. « En cas d'orage, ce sont parfois des pans entiers qui s'affaissent », lui ont rapporté certains élus réfractaires aux pointes acier. Sur l'Île aux Moines (Morbihan), un arrêté municipal du 12 juin interdit l'utilisation de bâtons de marche à bout métallique. « Ils présentent un risque pour la préservation de la végétation et pour la pérennité des sentiers côtiers. »
Les randonneurs sont invités à opter pour des extrémités en caoutchouc. À la Maison du littoral de Perros-Guirec, on en propose même désormais à la vente. Plus d'excuse pour les sportifs, qui, dans neuf cas sur dix, ne contestent pas les rappels à l'ordre qui leur sont adressés. Entre élus et marcheurs, la discussion sur les bâtons n'est pas rompue.
Émilie WEYNANTS. Source : http://www.ouest-france.fr/
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